Le jeudi 09 juin 2005
Un Eternel hiver
Lynda Lemay en spectacle à Paris
Michel Dolbec
Presse Canadienne
Paris
Après une tournée d'une quarantaine de spectacles en province, Lynda Lemay présente Un Eternel hiver à Paris. La première eu lieu jeudi soir au Casino de Paris, où la comédie musicale, programmée pour seulement quatre soirs, affiche complet.
Lynda Lemay étant en France la vedette que l'on sait, un public conquis d'avance a longuement ovationné son «opéra folk», mélodrame un peu scolaire, dont les personnages sont dessinés à gros traits. Il faut dire qu'il n'y avait pas de tromperie sur la marchandise : dans Un éternel hiver, Lynda Lemay fait du Lynda Lemay, quitte à se caricaturer elle-même pour se moquer des goûts bizarres des femmes enceintes ou des éternelles rivalités entre filles.
Ignoré jusqu'ici par la presse de référence, ce spectacle qui n'était pas sans risque pour la chanteuse n'est pas le plus convaincant de Lynda Lemay. A la sortie, un couple d'un certain âge, qui se présentait comme des «fans de la première heure», admettait d'ailleurs avoir trouvé le spectacle «un peu long et poussif».
Le propos, il est vrai, est un peu convenu. Dans un village du Québec profond, la jeune Manon (l'excellente Fabiola Toupin) tombe enceinte de Jean-François, dit Jeff (Yvan Pedneault), jeune homme alcoolique et violent. Jeff a été élevé par une mère aimante (Lynda Lemay), dont le mari est mort une nuit où elle avait découché pour aller rejoindre un de ses amants. Son fils, on s'en doute, a mal vécu la chose. Manon n'a pas eu de père elle non plus. Elle a été élevée par sa mère Micheline (Manon Brunet), modeste serveuse au restaurant Chez Raymond, qui a «une télé qui a trois chaînes et un cou qui n'en a qu'une».
Dans l'histoire, l'agent Messier (Daniel Jean), un brave policier d'une quarantaine d'années, épris de Manon, incarne la figure paternelle.
Sur scène, le décor (le comptoir du restaurant à gauche, un canapé à droite) est réduit à sa plus simple expression. Derrière prennent place les cinq musiciens (piano, guitares, violoncelle, plus une batterie omniprésente). Les arrangements alternent entre balade, rock primaire et musique western.
Lynda Lemay, elle, semble habitée par l'obsession de la rime à tout prix, quitte à la tirer par les cheveux, comme lorsque Manon tremble de peur devant cet homme « qui gronde et qui jappe et secoue le mode comme une nappe».
Un éternel hiver prendra l'affiche au Québec en septembre. En mars 2006, il entreprendra une nouvelle tournée de trois mois à travers la France.
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