Et voilà une belle première critique de ce spectacle
La chanson québécoise se raconte et se chante
Un spectacle riche et ambitieuxTrois-Rivières) On présentait hier soir au Centre culturel Pauline-Julien La chanson québécoise se raconte et se chante, un spectacle conçu par Patricia Powers et interprété par Fabiola Toupin, Céline Faucher et le trio Trop Loin d'Irlande avec une narration de la conceptrice.
Un spectacle ambitieux, puisqu'il propose un survol de la chanson québécoise, de ses débuts à aujourd'hui. Vingt-quatre chansons, dont deux pot-pourris, servant de jalons au chemin parcouru. De fait, ce sont les textes qui tracent la voie, les chansons venant illustrer le propos présenté, de façon chronologique.
De par sa forme, La chanson québécoise se raconte et se chante devait forcément être un spectacle subjectif: nul survol objectif ne peut être fait d'un si vaste champ d'exploration. Interprètes comme conceptrice assument ici pleinement l'approche. C'est vrai dans le propos, résolument nationaliste comme dans les interprétations musicales, véritables relectures des oeuvres choisies pour illustrer les différentes époques. C'est courageux et il arrive même que ça étonne, parfois. On nous a habitués aux rétrospectives dans lesquelles les reprises se veulent le plus fidèles possible aux originaux. Ici, on va plus loin.
La formule aurait été dangereuse avec des interprètes ordinaires. Ceux-ci ne le sont pas.
Que dire qu'on ne sache déjà de Fabiola Toupin? On la connaît flamboyante, elle l'est encore, sans pour cela porter ombrage aux autres sur la scène. Même qu'elle s'efface volontiers quand cela est nécessaire. Elle fait preuve d'une grande maîtrise vocale, jouant dans la portion la plus aiguë de son registre sans effort apparent. Elle fait Alys Robi ou Sylvain Lelièvre avec un égal bonheur demeurant la vibrante Fabiola.Céline Faucher ressort par sa voix absolument superbe. Une voix pure, vraie, profondément différente de celle de Fabiola, ce qui permet à l'interprète de se révéler. Pourtant, les deux se lient de façon exceptionnelle. On l'a constaté dès le départ avec l'ouverture sur Les gens de mon pays, de Vigneault, mais plus encore dans la magnifique interprétation de Le ciel se marie avec la mer de Jacques Blanchet. Faucher a beaucoup chanté Pauline Julien et elle offre Mommy, Daddy de façon très touchante. Aux deux chanteuses viennent s'ajouter, à l'occasion, Isabelle Lefebvre et son comparse de Trop Loin d'Irlande, Philip Powers.
Les arrangements de Gilles Hamelin sortent parfois du convenu. C'est intéressant. Tout, dans le spectacle, n'est cependant pas forcément heureux: certaines transitions sont un peu bancales, certaines interprétations, un peu audacieuses à mon goût. Certains extraits sont aussi interprétés avec une sorte de sarcasme qui m'a agacé: ce qui est plus léger n'est pas forcément bête, me semble-t-il.
Cela dit, Félix Leclerc, Gilles Vigneault, Raymond Lévesque, Robert Charlebois, Stéphane Venne, Luc Plamondon, Richard Desjardins, Raymond Lévesque: plusieurs des plus grands sont là, avec certaines de leurs plus grandes chansons.
C'est un spectacle prévu pour n'être présenté que deux fois, dont la prochaine, le 17 avril, au même endroit. Espérons qu'il ne s'agisse là que du contrat initial parce que c'est un beau spectacle qui mérite de vieillir un peu. Non seulement s'agit-il d'un concept riche, mais il est passablement sophistiqué, dense et sans doute pas simple pour les interprètes. Il gagnera donc à être présenté plusieurs fois, de façon à en polir l'exécution.
Il mérite aussi d'être vu par un plus grand nombre de spectateurs que ce que permet la capacité limitée du Centre culturel Pauline-Julien avec ses 120 places dont une soixantaine étaient occupées hier, malgré une discrète publicité.
http://www.cyberpresse.ca/le-nouvelliste/arts-spectacles/200904/10/01-845570-un-spectacle-riche-et-ambitieux.php