Je ne doute pas une minute que vous ayez tous écouté avec attention ces 70 minutes de … ben presque de monologue ! Mais pour le cas où vous auriez laissé passer quelques phrases, j’en transcris une qui me plait bien, juste pour le plaisir de la relire.
Au sujet de l’art des poètes :
« Le langage du corps, le langage des mains, (
ndlr : permet) de réussir à transmettre des émotions sans même que les mots soient compris. Je me suis rendu compte que j’étais capable de faire passer l’émotion, et qu’il se passe quelque chose, à donner le goût aux gens, tout à coup, de se lever, d’applaudir, de me renvoyer la balle, de me dire merci, alors que quelque part, effectivement, c’est pas dans le sens même des mots que ça se passe. (…) On se rend compte que le poème vient nous chercher même si on ne comprend pas, c’est la musicalité, la musicalité des mots, et l’intention qui est dans la voix de celui qui nous donne le poème. On ne sait pas ce que ça dit, mais on sent que là, tout à coup, il y a de la souffrance, là il y a de la peine, là il y a quelque chose qui vient de s’ouvrir, qui se rapproche de l’enfance, de l’émerveillement … Mais ce qui est important, c’est ce que cela veut dire pour nous ! C’est bien de savoir ce que l’auteur a voulu dire, c’est une partie de la chose, mais le plus important, c’est comment ça s’inscrit en nous, et ça, peu importe, il n’y a personne qui puisse dire « vous savez ce n’est pas ce que l’auteur a voulu dire »… A la limite, on s’en fout, quelque part …
Le chemin que cela fait à l’intérieur des autres, c’est cela qui compte ! C’est cela qui reste ! Et ce qui reste n’appartient plus à l’auteur, n’appartient même plus à l’intention que l’auteur avait (…) au départ. Ce qui est important et qui reste, c’est le chemin que cela fait chez les autres. Et j’ai un respect sans bornes pour le chemin que l’œuvre fait sans nous, et la façon dont les gens se l’approprient. (…) C’est merveilleux. (…) La poésie est une des formes d’art qui respecte le plus le public, en ce sens qu’il y a une liberté tellement grande, que tout le monde peut y trouver sa place à sa façon. Ce n’est pas quelque chose de balisé, c’est très libre, avec deux, trois ou quatre degrés d’interprétation.
C’est une forme d’art extrêmement respectueuse, parce qu’elle fait confiance à celui qui la reçoit ». J’en ajouterai peut être une ou deux autres … sauf si vous préférez les entendre plutôt que de les relire
ou si vous les ajoutez vous même !
Puis j'ajoute un petit mot, que j'ai déja du écrire quelque part sur ce forum. Si quelques uns ici, musiciens, ont fait un passage par une classe de conservatoire, ils auront retenu le terme de "seminario musices", le germe de musique, inscrit dans les mots. Le talent d'une interprète (comprenez le talent de Fabiola), pour moi, c'est l'art de révéler le germe de musique qui est inscrit dans les mots, par la façon de se les approprier et de les rendre. Et conjugué au talent des musiciens, de nous le livrer de la manière qu'elle dit, dans l'extrait que j'ai transcris ci-dessus... Remarquez d'ailleurs : entre les deux phrases que j'ai mises en gras, l'interprète s'est effacée, a disparu, et a laissé la place au texte et au public ... et ça c'est fort, dans une émission où on est sensé parler de soi et faire sa promotion !
Quelqu'un m'a suivi là ???